samedi 6 octobre 2007

Raffinerie de Sucre - Nantes Chantenay



Des pans de murs dressés, entourés déboulis, me font face. Ils me disent leurs histoires et, pourquoi, ils m'enfermèrent quelques jours dans leurs entrailles.

Je me souviens , en effet, de cette forte odeur de mélasse, mélangée à la graisse des machines trop vieilles pour qu'elles me semblent encore pouvoir mourir, et, de la sueur sortant des corps des hommes du bord de Loire, comme de ceux très éloignés des Antilles.

Le sucre, qui sortait du travail de ces ouvriers, en passant du brun au blanc, au cours de sa transformation, ressemblait à leur couleurs respectives.

Chaque groupe, travaillant à un bout de la chaîne, ne pensait sans doute pas, que leurs actions étaient une continuité belle et indispensable, au delà des bord de l'Atlantique.

Sous les bérets et les chapeaux de paille, en buvant un vin rude ou un rhum écru, les pensées étaient les mêmes, les nécessites et les inquiétudes identiques.

La musique incessante qui sortait des différents étages, faisait vibrer l'ensemble. Elle continuait ainsi à bercer , du même rythme et de la même tonalité que ceux emplissant le ventre des navires, les cristaux de douceur et, par la même, évitait aux hommes de sentir trop rapidement la fatigue de leur corps.

En regardant à Chantenay cette raffinerie meurtrie, où je travaillais à l'atelier dit " Antillaise ", je comprends le sens de ce moment passé avec elle.

Marchant sur des pavés glissants, un adolescent continuait une besogne que ses natifs avaient commencée, au loin, de l'autre coté de l'Océan.

Texte de Titaum